dimanche 20 septembre 2009

"Henri III et ses mignons", Georges Brézol

Un message très érudit sur un blog de bibliophilie : Les Hermaphrodites, 1605. Une édition originale en question. est à l'origine du message de ce jour. Le message en question tente démêler les différentes versions originales de L'Ile des Hermaphrodites, ouvrage satirique sur la cour d'Henri III et sur les mœurs du dernier roi de la dynastie des Valois. Le titre frontispice illustre bien le propos :


L'ouvrage que je présente aujourd'hui est une étude historique de Georges Brézol, parue dans la collection "L'histoire licencieuse".


En deux grandes parties,
Mignons de couchette et Mignons potentats, l'auteur fait le portrait de la cour du roi Henri III (1551-1589) et des différents mignons qui ont eu une influence directe sur le roi. Comme on peut le comprendre, les mignons de couchette sont ceux qui ont une emprise sentimentale ou sensuelle sur le roi. Dans la suite du règne, ils prirent une influence grandissante sur les affaires du Royaume, ce qui les fait qualifier de "mignons potentats". Parmi les premiers, on peut citer Quélus, Maugiron, Livarot, Saint-Mesgrin. Parmi les seconds, les plus influents ont été Joyeuse et Epernon. L'intérêt de cet ouvrage est de reproduire de nombreux extraits d'ouvrages, dont L'Ile des Hermaphrodites, et de nombreux poèmes satiriques.

Je n'ai pas retrouvé ce quatrain de Ronsard dans cet ouvrage, mais il nous décrit un Henri III visiblement très actif :
"Le roi comme l’on dit, accole, baise et lèche
De ses poupins mignons le teint frais, nuit et jour;
Eux pour avoir argent, lui prêtent tour à tour
Leurs fessiers rebondis et endurent la brèche."

Un beau et séduisant portrait d'Henri III (Musée Condé, Chantilly) :


J'ai hésité à parler de cet ouvrage car il est fortement homophobe, liant la faiblesse politique et la déchéance morale à l'homosexualité du roi, voire à attribuer à cette homosexualité tous les malheurs de ce règne qui s'est déroulé dans une des périodes les plus difficiles de l'histoire de France, les guerres de Religion. Je suis toujours étonné de voir un auteur consacrer son temps à un thème qui semble par ailleurs lui répugner. C'est pourtant ce que fait Georges Brézol. Mystère de la nature humaine !

L'homosexualité d'Henri III reste discutée. Souvent considérée comme un fait acquis, même si on connaît des aventures féminines à ce roi, elle est aujourd'hui remise en cause, comme dans la notice consacrée à ce roi sur Wikipédia : Henri III. Je n'ai pas les moyens d'avoir une opinion sur ce chapitre de la vie privée d'Henri III, mais je suis toujours un peu surpris de voir l'énergie déployée par certains (comme l'auteur de la notice Wikipédia) pour nier l'homosexualité d'un homme célèbre. Cela est-il encore si dérangeant ? Cela me rappelle les efforts presque naïfs pour nous faire croire que Cambacérès et Jean Lorrain n'étaient pas homosexuels dans les biographies qui leur ont été consacrées par respectivement Laurence Chatel de Brancion et Thibaut d'Anthonay. L'existence de relations féminines, parfois de simples amitiés, leur semble, comme dans le cas d'Henri III, suffisant pour nier l'homosexualité.

Le catalogue de la BNF donne ces quelques informations sur Georges Brézol (Nouzonville (Ardennes) 15/12/1881 – Paris 1913) : auteur de nouvelles et romans souvent publiés dans le supplément illustré du "Petit journal" et les journaux et publications pour la jeunesse des éditions Offenstadt.


Description de l'ouvrage et de l'exemplaire :

Georges Brézol
L'histoire licencieuse. Henri III et ses mignons.
Paris, Les Editions des Bibliophiles, s.d., in-8° (188 x 140 mm), [4]-II-245-[2] pp., portrait-frontispice d'Henri III et 41 illustrations en noir et blanc dans le texte.


Demi chagrin rouge à coins, dos à nerfs, tête dorée (reliure signée Janssens), couvertures et dos conservés.


Cet exemplaire provient de la 6ème et dernière vente du fonds de la librairie Berès, les 17 et 18 décembre 2007, faisant partie du lot n° 649.

L'ouvrage est sans date. Le catalogue de la vente Berès donne 1920. Des indications trouvées sur Internet donnent 1911 ou 1912.

Il n'existe pas d'exemplaire à la BNF. Il n'y a que deux exemplaires dans les bibliothèques publiques (CCFr) : Tours et Lyon, dans le fameux fonds Lacassagne, un des fonds les plus riches sur l'homosexualité dans les bibliothèques publiques.